Bilans d’évènement
Retour sur la Conférence 'Sobriété numérique à l'ère de l'IA' - CCIFS - ASAGE
Le 15 mai 2025, la CCIFS a accueilli une conférence co-organisée avec l'ASAGE animée par Céline Carle-Faye, cofondatrice de Resilio, autour d’un sujet plus que jamais d’actualité : comment implémenter une stratégie numérique responsable à l’heure de l’IA ?
Face à la tentation de voir le numérique comme une solution « immatérielle », cette rencontre a rappelé avec force son ancrage bien réel dans les ressources de notre planète. Un simple smartphone mobilise plus de 70 matériaux différents, dont des métaux rares et précieux, nécessitant 200 kg de pétrole, 600 kg de minerais et plusieurs milliers de litres d’eau pour sa fabrication. À la clé : un impact écologique et humain colossal, de l’extraction des ressources à la fin de vie des appareils, avec 70 % des déchets électroniques finissant dans des filières illégales, souvent dans des pays en développement.
L’IA, perçue à tort comme un progrès immaculé, est aujourd’hui un moteur préoccupant d’émissions. En 2023, les serveurs IA représentaient 4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du numérique. Un prompt ChatGPT consomme 10 fois plus d’électricité qu’une recherche Google. Microsoft a vu ses émissions grimper de 30 % en trois ans, poussant Google à renoncer à son objectif de neutralité carbone pour 2030. Autant de chiffres qui imposent une réflexion stratégique.
Mais des solutions existent, à la fois simples, accessibles et immédiatement actionnables.
Premier levier : réduire le taux d’équipement. Cela implique de sortir du réflexe consumériste et d’interroger systématiquement ses besoins réels. Ai-je besoin d’un nouveau smartphone ou est-ce un achat de confort ? Est-il pertinent d’avoir à la fois un téléphone, une montre connectée, une tablette et un laptop ? La réduction du nombre d’appareils est l’un des moyens les plus efficaces pour diminuer l’impact environnemental du numérique.
Deuxième levier : allonger la durée de vie des équipements. Un ordinateur portable utilisé cinq ans au lieu de trois peut réduire jusqu’à 50 % son impact écologique. Cela passe par l’entretien, la réparation, le recours au matériel reconditionné (désormais fiable et garanti), mais aussi par une politique d’achats responsables intégrant la réparabilité et la durabilité des produits.
Troisième levier : arbitrer ses usages numériques. La sobriété ne concerne pas uniquement le matériel. Il s’agit aussi d’avoir un usage plus raisonné des outils et services numériques : éviter les sauvegardes massives et non triées, privilégier le Wi-Fi au lieu de la 4G/5G, désactiver les appareils non utilisés, limiter le stockage dans le cloud, réduire les réunions en visio lorsque ce n’est pas nécessaire… Autant de gestes qui, mis bout à bout, réduisent fortement l’empreinte énergétique invisible du numérique.
La sensibilisation est un maillon indispensable pour accompagner ces gestes. Des ateliers ludiques et pédagogiques comme la Fresque du numérique ou la Bataille de l’IA permettent d’ancrer durablement la prise de conscience et d’impliquer toutes les parties prenantes, bien au-delà des seuls services IT.
L’illustration la plus concrète de cette approche est venue du témoignage d’Eléonore Geny, responsable durabilité et numérique responsable chez SPIE Suisse. Forte d’une stratégie engagée, SPIE a obtenu le Label Numérique Responsable en février dernier. L’entreprise a structuré sa démarche autour d’un comité de pilotage transversal intégrant achats, IT, RSE, RH, marketing et direction, favorisant ainsi une vision holistique de l’impact numérique.
Mais c’est surtout sur la sensibilisation continue que SPIE mise : ateliers internes, capsules e-learning, modules métiers, communication mensuelle, interventions dans les réunions… Chaque canal est utilisé pour multiplier les occasions d’apprendre, de questionner et d’embarquer les collaborateurs. Une démarche d’autant plus efficace qu’elle s’adapte aux cultures internes, aux langues et aux spécificités locales (par exemple, en Suisse alémanique où l’on parle davantage d’économie circulaire que de Green IT).
Cette conférence a donc offert bien plus qu’un état des lieux : une boîte à outils concrète, inspirante et mobilisatrice pour bâtir une trajectoire numérique sobre, humaine et durable.
Pour commencer vos premiers pas voici un guide sur le Green IT, édité par la CCI France Suisse, dédié aux TPE et PME qui veulent commencer à mettre en place des actions dans leur entreprise.