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Portrait Portrait d’Isabelle WIENAND | Présidente du comité de gestion de l’Ecole Française Internationale de Berne

Découvrez le portrait du mois de mars consacré à Isabelle Wienand, Présidente du comité de gestion de l’Ecole Française Internationale de Berne.

Formée à l’esprit critique cartésien et nietzschéen, Isabelle Wienand met ses compétences au service de l’enseignement en éthique de la médecine et de l’éthique de la recherche, à l’Université de Bâle. Elle exerce ses talents au service de la traduction d’ouvrages philosophiques littéraires et consacre son énergie au déploiement de l’Ecole Française Internationale de Berne en tant que présidente du comité de gestion.

  • Be : votre parcours jusqu’à votre fonction aujourd’hui

Si Isabelle Wienand conduit avec succès des études en philosophie et en germanistique à Paris IV, à l’université de la Sorbonne, pour mener sa thèse de doctorat sur la mort de Dieu (postulat d’un des deux philosophes piliers de son parcours, Friedrich Nietzsche), elle confronte volontairement son statut d’intellectuelle à l’expérience de déshumanisation du travail : la production de biens à la chaîne, selon la cadence des trois huit. A l’image de Simone Weil, dénonçant le fatalisme de générations d’ouvriers reproduisant malgré eux ce schéma de vie, Isabelle Wienand veut ne pas oublier ce que l’homme s’impose en reniant son humanité et fait de la philosophie morale son fer de lance.

Invitant au partage, à la transmission, elle s’éprend d’œnologie et sera guide d’un domaine viticole à Stellenbosch, en Afrique du Sud … En tant que co-présidente de l’association des Journées cartésiennes, elle participe à l’organisation de conférences philosophiques, de lectures et de visites du musée Descartes.

D’Afrique du Sud, aux Pays-Bas et jusqu’en Suisse, de Fribourg à Bâle en passant par Lausanne, Isabelle Wienand poursuit avec passion son enseignement et ses recherches en philosophie morale sur Nietzsche et Descartes.

Enseignante à l’Institut d’éthique de la médecine de l’Université de Bâle, Isabelle Wienand apprécie le contact avec les non philosophes : médecins, pharmaciens, infirmières confrontés à des questions éthiques dans l’exercice de métiers liés à la vie et à la mort de leurs patients…

Forte d’un master en traduction littéraire, maniant le pouvoir des mots avec brio, Isabelle fait de la traduction une de ses professions et continue à se former auprès du Centre national du livre (CNL), qui soutient la création littéraire francophone et veille à son rayonnement.

Depuis octobre 2020, elle préside le comité de gestion de l’Ecole Française Internationale de Berne (EFIB), dont le rôle va de la gestion du personnel recruté localement, à la gestion comptable et financière de l’école, en coordination avec l’équipe de direction.

  • Inspire : ceux et celles qui vous ont inspiré ; ce qui vous passionne

Isabelle Wienand a pu compter sur la confiance et le soutien de ses parents qui l’ont encouragé à poursuivre ses études en philosophie pour mener une carrière d’enseignante-chercheure et de pouvoir vivre littéralement l’adage qui lui est cher : « fais ce que tu aimes »

Marquée par le mode de vie d’une partie de sa famille, religieux et théologiens, qui ont choisi la sobriété matérielle et l’étude, elle mesure la chance de pouvoir se consacrer encore aujourd’hui à une vie d’intellectuelle.

Isabelle se nourrit de ses lectures et essais philosophiques : l’approche critique de Descartes, par le Discours de la Méthode, les Méditations métaphysiques et celle de Nietzsche, par la Généalogie de la morale et le Gai Savoir

  • Generate : votre fonction aujourd’hui, ce que vous voulez continuer …

Présidente du comité de gestion de l’EFIB, Isabelle Wienand a à cœur de faire rayonner l’excellence du système éducatif français à l’étranger et œuvre en équipe pour redonner à l’école les ressources nécessaires à ses enjeux et objectifs.

Portée par la dynamique collective et l’union des compétences immobilières, financières, politiques et administratives des partenaires soutenant le projet, de nouveaux bâtiments ont été trouvés en moins de sept mois, ce qui relève de l’exploit au vu du marché immobilier suisse. Dès septembre 2021, les élèves de la maternelle à la troisième pourront être accueillis dans un des plus agréables quartiers de Berne, Kirchenfeld.

Membre de la CCI France-Suisse, l’école a été fondée en 1962 sous le haut patronage de l’Ambassade de Suisse en France. L’école est conventionnée avec AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger), homologuée par le  Ministère de l’Éducation Nationale Française et autorisée par la DIP (Direction de l’Instruction Publique) du Canton de Berne. L’EFIB est ouverte à tous et permet aux enfants de parents expatriés, du corps diplomatique, présents en Suisse pour 4 à 5 ans, de parents suisses ou binationaux, de bénéficier une scolarité primaire et secondaire sans rupture. Outre l’excellence de l’enseignement, l’EFIB s’engage à transmettre les valeurs universelles de tolérance, d’humanisme, d‘égalité des chances, de curiosité intellectuelle et de promotion de l’esprit critique.

Grâce à ses horaires d’ouverture étendus et son offre d’enseignement bilingue (français-allemand) pour la Maternelle, l’EFIB favorise la continuité de l’activité professionnelle des deux parents, en particulier celui de la mère de famille : elle œuvre pour la promotion du parcours professionnel féminin, sans interruption de carrière.


Carte ID « moitié-moitié » : 

  • Votre année & lieu de naissance : 1970 – Châteauroux (Indre – France)
  • Votre premier travail : volontaire dans un kibboutz en Israël, dans lequel j’ai été amenée à vivre le pire des conditions modernes de travail : l’abrutissement du travail à la chaîne. Là où le corps de l’ouvrier devient instrument, ramené à l’état d’homme-machine comme objet de production et non de développement.
  • Votre fonction aujourd’hui : présidente du comité de gestion de l’Ecole Française Internationale de Berne (EFIB) à titre bénévole. Enseignante-chercheuse à l’Université de Bâle, spécialisée en éthique médicale. Managing director de la Commission d’éthique de l’Université de Bâle (charte, viabilité de l’éthique des projets de recherche en sciences sociales et humaines). Traductrice d’ouvrages philosophiques et littéraires en allemand et en anglais.
  • Vos passions : la musique, la musique classique en particulier (Gustav Mahler, Johann Sebastian Bach, Ludwig van Beethoven ...) comme mode d’expression articulé des émotions et des états d’âme ; la littérature, comme autant de mondes qui s’ouvrent à nous, qui nous permettent de penser sa vie autrement, c’est le meilleur antidote à une vie peau de chagrin ; la grandeur morale, que je retrouve à travers les actes et les vertus d’hommes et de femmes qui ont fait le choix de mener une vie héroïque … ; la traduction, que je pratique en ayant l’obsession du mot juste, en jouant avec plaisir avec les idées et les mots, en mettant mes compétences analytiques et ma créativité au service du travail bien fait, comme un artisan sur son ouvrage…
  • Votre devise (sans s’aider de Google !) : « Ad gloriam dei » (à la gloire de Dieu). Dans son interprétation laïque, c’est entreprendre une action de manière désintéressée, en escomptant un effet bénéfique dans un avenir proche ou lointain.
  • Un cadeau que vous aimeriez recevoir ? un livre, cadeau matériel qui mène à l’immatériel. Par exemple, les œuvres complètes de Balzac ou de Flaubert, en édition La Pléiade ou une surprise … qui - par nature - sera un magnifique cadeau.
  • Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?
    • « Fais ce que tu aimes » : j’ai le privilège de le mettre en pratique au quotidien, d’être en accord avec moi-même, y compris pour ce qui est de mes choix professionnels.
    • « Ne crois jamais ce que l’on te dit » : ce n’est pas « ne pas faire confiance » bien-sûr mais bien plus, exercer son esprit critique, pratiquer le doute philosophique et passer au crible de la critique chaque concept, pour se forger son propre système de pensée, en étant « éclairé ».
  • La personnalité suisse que vous adoreriez rencontrer pour un dîner ? Française ?
    • Jean-Jacques Rousseau : j’aurais tant de questions à lui poser qu’un dîner n’y suffirait pas ! Comment est-ce possible que le philosophe genevois soit l’auteur de « l’Emile ou de l’éducation de l’enfant » - traité sur l’éducation dans lequel il développe les principes d'une éducation idéale depuis la petite enfance jusqu'à l'âge adulte - et qu’il ait, par ailleurs, confié ses enfants à l’Assistance ? Puissions-nous chacun chanter nos solitudes à travers les « Rêveries du promeneur solitaire » … 
    • Bruno Latour : c’est mon coup de cœur ! Philosophe des sciences, auteur d’un ouvrage* qui rappelle l’urgence de la réforme climatique, il pose la question philosophique actuelle du « où suis-je ? » et s’interroge sur notre rapport à la terre.
  • La meilleure expression (suisse ou française) : « Alles gute » qu’on peut traduire par « Tout de bon ». A mon arrivée en Suisse germanophone, j’étais allergique à cette expression en la considérant comme la formule passe-partout ; aujourd’hui, je l’entends dans son sens le plus noble, comme un liant du rapport interhumain, comme le souhait du meilleur, sans intrusion dans la vie d’autrui.

* Bruno Latour : « Où suis-je ? : leçons du confinement à l'usage des terrestres », aux éditions La Découverte les Empêcheurs de penser en rond.


Portrait rédigé par Marie-Anne Fourot { HY-PHEN } - www.hy-phen.ch - contact@hy-phen.ch