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Retour sur la Table Ronde du Grand Genève « Implantation des deux côtés de la frontière : les bonnes pratiques »
Découvrez les clés d'une implantation réussie en France et en Suisse, issues de la table ronde du 12 juin dédiée aux bonnes pratiques transfrontalière
La table ronde organisée ce 12 juin dans le cadre du cycle CRGG a réuni experts juridiques et entrepreneur pour évoquer un enjeu central dans la région du Grand Genève : l’implantation d’entreprises de part et d’autre de la frontière franco-suisse. À travers des éclairages techniques et un témoignage de terrain, les échanges ont permis de dresser un panorama concret des bonnes pratiques à adopter, mais aussi des pièges à éviter.
Cadre juridique : opportunités et contraintes d’un déploiement transfrontalier
Michel Oppliger (MLL Legal) et Jean-Pierre Viennois (cabinet Bremens) ont apporté un éclairage croisé sur les conditions permettant aux entreprises françaises et suisses d’opérer de l’autre côté de la frontière. Le recours à la prestation de services transfrontalière a été présenté comme un premier pas pertinent pour tester un marché, à condition de respecter strictement certaines règles : procédure d’annonce, respect du quota de 90 jours par an, obligation d’ajustement salarial au marché local, ou encore exclusion de certains secteurs (travail temporaire, services financiers, etc.).
Les différences culturelles dans l’application des règles ont été soulignées : davantage de formalisme et de contrôles en Suisse, plus de tolérance en France — bien que cela ne doive pas faire oublier les exigences légales (TVA, droit du travail, sécurité sociale, etc.).
Pourquoi aller au-delà des 90 jours ?
Les intervenants ont rappelé que les prestations temporaires trouvent rapidement leurs limites : manque de visibilité pour les clients locaux, incertitudes juridiques, difficulté de recrutement ou encore limitations commerciales. D’où l’intérêt, au-delà d’un certain seuil d’activité ou d’ambitions, de créer une entité locale pérenne.
Créer une structure en France ou en Suisse : quelle forme choisir ?
Plusieurs options d’implantation ont été détaillées, parmi lesquelles la succursale (souvent déconseillée en Suisse du fait de l’absence de personnalité juridique propre) ou la création d’une société de capitaux (SARL ou SA). Côté suisse, l’obligation de désigner un représentant local avec pouvoir de signature est souvent méconnue mais essentielle. En France, une plus grande liberté structurelle existe : pas de représentant obligatoire et une palette plus large de formes juridiques (SAS, SARL, SNC, etc.).
Le témoignage d’un dirigeant : la rigueur suisse, une exigence d’entrée
Benjamin Bancel, fondateur de MEO Group Suisse, a partagé son expérience d’implantation depuis la France. Son message principal : l’image, la réputation et la rigueur sont des facteurs cruciaux en Suisse, bien plus que les techniques commerciales classiques. MEO Group a fait le choix d’une SA avec un investissement conséquent dès le départ, pour asseoir sa crédibilité et rassurer clients et partenaires.
Il a insisté sur l’importance d’adapter son discours à chaque canton (Genève, Vaud, Valais, etc.) et à chaque secteur (industrie, santé, achats, etc.), tout en cultivant un réseau de confiance, sans lequel rien ne se construit durablement.
Ressources humaines : entre pénurie et exigences culturelles
Le recrutement et la fidélisation des talents représentent un défi majeur. En Suisse, le marché est à la fois concurrentiel et sensible aux écarts de rémunération. S’ajoute à cela une forte exigence en matière de stabilité et de réputation de l’employeur. Pour réussir, il faut non seulement recruter les bons profils, mais aussi intégrer les différences culturelles dans le management et le dialogue social.
Un mot d’ordre : bien s’entourer
Tous les intervenants s’accordent sur un point : la réussite d’une implantation repose en grande partie sur l’accompagnement. Avocats, experts-comptables, banques, mais aussi partenaires institutionnels sont les piliers d’un projet structuré. La méconnaissance des règles locales, l’approximation ou le défaut d’anticipation sont les principales causes d’échec.
Cet échange riche et complet a permis d’identifier les leviers concrets pour réussir son implantation de part et d’autre de la frontière. Les projets transfrontaliers gagnent à être construits avec méthode, lucidité et un réel ancrage local. Une conviction partagée : dans l’espace du Grand Genève, bien s’implanter, c’est avant tout bien comprendre.
Cette seconde TRGG de l'année était organisé dans le cadre des travaux du Grand Genève, en collaboration avec l'Office cantonal de l'économie et de l'innovation (OCEI) de la République et Canton de Genève, le Pôle métropolitain du Genevois français, la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG) et Pays de Gex agglo, en partenariat avec la Maison de l'Eco, l'Agence Economique du Chablais, Archparc et Faucigny Mont-Blanc développement.